Comment devenir un artiste de Comics alors que l’on a une imagination débordante
Ario Anindito n’est pas l’illustrateur de comics habituel : il n’est pas des continents américains ni d’Europe. Son nom est basé sur Satria Panindita, ce qui veut dire, en les prenant séparément : Ksatria signifie Guerrier et Pandita : Prêtre. Donc, en gros, il a le courage du Guerrier et la sagesse du prêtre… Une sorte de Moine Guerrier qui est devenu un artiste de comics ! Et « Vus que les Jedi sont comme des moines d’un certain point de vue, d’une certaine façon, Ario Anindito a atteint les objectifs de ses parents ».
MintInBox : Ario, pouvez-vous vous présenter ?
Ario : Je m’appelle Ario Anindito. Je suis un dessinateur de comics et je vis à Bandung, en Indonésie. Je dessine de façon professionnelle depuis 2007 si je me souviens bien. J’ai commencé à travailler pour les grandes boîtes de comics comme DC Comics en 2012, puis Marvel Comics en 2014.
MiB : Ah d’accord, je pensais que pour Marvel, c’était plus récent que ça. Vous avez dessiné les Avengers et d’autres super-héros comme eux.
Ario : Je pense que j’ai commencé pour Marvel avec les Wolverines, le titre était Wolverines et est sorti en 2014. Alors oui, c’est dans le genre des super-héros, et depuis plusieurs super-héros, j’ai atterri dans Star Wars vers 2018 avec le Star Wars Annual. Par la suite je suis revenu à Star Wars en 2021…
MiB : Avec la Haute République ?
Ario : Oui.
MiB : On reviendra là-dessus plus tard. Dîtes moi, le peu que je connaisse sur l’Indonésie et sur les Indonésiens, être un artiste Comics n’est pas quelque chose de commun, encore plus dans le domaine des Comics US, non ?
Ario : Oui, c’est vrai.
MiB : Comment avez-vous pu faire ça ou pourquoi avoir choisi cette voie ? Est-ce que vous dessiniez quand vous étiez enfant ?
Ario : Oh oui, vraiment. Ce qui est drôle, c’est que c’était quelque chose qui m’intéressait… Hum… Quand j’étais petit, mes cousins étaient (ou sont encore) des lecteurs de comics. Ils lisaient beaucoup de comics. J’ai donc été exposé aux comics à cause d’eux. Lorsqu’ils finissaient un livre, ils me le donnaient. Il y avait donc beaucoup de comics, car ils lisaient beaucoup de comics ! En fait les premiers comics que j’ai pu lire étaient des bandes dessinées Européenne. Ça s’appelait Trigan Empire de Don Lawrence. Je ne sais plus en quelle année c’est sorti, c’était aussi appelé Trigopolis ou quelque chose dans le même style. Et je lisais aussi Astérix et Obélix, les Schtroumpfs, Lucky Luke et les Aventures de Tanguy et Laverdure.
« Mes cousins sont des lecteurs de comics »
MiB : On dirait donc qu’il y avait pas mal de bandes dessinées franco-belge.
Ario : Oui, toutes les bandes dessinées européennes, mais comme vous le savez sans doute, ces BD européennes ne sont pas d’un abord facile pour un enfant pour dessiner, mais elles ont fait grandir en moi l’envie de dessiner des comics, mes comics à moi. J’aimais tellement lire ces bandes-dessinées, que je commençais à imaginer de nouvelles histoires, de nouvelles aventures pour les personnages. Par exemple, dans une de mes histoires, je trouvais fun d’avoir les Schtroumpfs aller sous l’eau et de voir d’étranges poissons et des trucs comme cela. Aussi, j’ai donc dessiné mes propres comics, et il s’agissait de réalisations amateures, avec des fruits dedans. Les héros principaux étaient des fruits…
MiB : Des fruits ?? Mais il n’y a vraiment pas de durian, non ?
Ario : Il y a des durians dans cette bande dessinée, mais ce ne sont pas les personnages principaux car les durians sont difficiles à dessiner (rires). Dessiner des fraises est beaucoup plus facile, aussi le personnage principal est une fraise ! Le nom de la bande dessinée est « Fruit Men » (les hommes fruits) parce qu’ils ont des yeux, des bras et des jambes. Et donc ils partent sur des aventures, vont dans des vaisseaux, sur des montagnes, dans des océans et toutes sortes de choses du même genre. J’aime beaucoup dessiner des aventures en bandes dessinées. Quand j’étais petit je voulais être Indiana Jones lorsque je serai grand, je voulais partir faires des aventures, jusqu’à ce que je réalise que j’avais le vertige. J’ai donc laissé tomber cet objectif de vie, et je ne souhaite plus être Indiana Jones. Maintenant ce sont mes personnages qui ont leurs aventures, plus moi. Je me contente de rester assis correctement à mon bureau (rires). C’est plus sauf de cette façon. Donc depuis tout petit, j’ai toujours voulu être un artiste de comics. En fait cela date de l’époque où je détestais les mathématiques : j’étais tellement mauvais et je me suis dit que cela serait fantastique si un jour je devenais un artiste de comics lorsque je serai grand, ainsi je pourrais décider moi-même des aventures et d’autres choses. Bien sûr, à l’époque je ne réalisais pas que cela ne serait pas aussi facile. Et encore plus de travailler avec de grandes sociétés internationales, de grandes maisons d’édition. Petit, cela ne m’avait jamais traversé l’esprit. Je ne savais même pas qui étaient Marvel et DC. J’avais déjà lu des Batman mais je ne m’intéressais pas à son éditeur lorsque j’étais petit. Je n’aurai jamais pensé à l’époque qu’un jour je travaillerai pour eux. Je voulais « simplement » être un artiste de comics, c’était mon but principal, lorsque j’ai commencé à dessiner, lorsque j’étais petit.
MiB : Ensuite vous avez étudié pour ça ?
Ario : En fait, j’ai grandi en dessinant, tout le temps… chaque fois que c’était possible parce que dessiner était ma passion. Des gens qui me sont proches voyaient le petit Ario, toujours avec son carnet de dessins. Je pense qu’ils en avaient assez de me voir toujours en train de dessiner jusqu’à me dire « N’es-tu pas fatigué de dessiner ? » et je leur répondais « Non, j’adore dessiner » – « Mais tu dessines sans arrêt, tu ne trouves pas cela ennuyeux ? » – « Non, car j’ai cet autre monde dans ma tête et justement dessiner est ma passerelle pour avoir mes propres aventures dans ce monde-là. » Je vis dans deux mondes : mon monde imaginaire et le monde réel. Et mes dessins constituent un aperçu de ce monde. Les gens normaux ne voient juste ce qui les entoure, par exemple : c’est une chambre, c’est un jardin, mais je peux voir des libellules au-dessus de ces jardins. Je vois des créatures magiques ici et là. Tout cela vit dans mon autre monde. Dessiner me permet de le contrôler comme je veux. Et si jamais j’ai besoin d’emprunter une de ces créatures, je les dessine comme ça. C’est ce que j’ai fait pour le premier numéro de La Haute République lorsque j’ai dessiné ces monstrueux locustes géantes. Ce sont des personnages ou des créatures qui sont dans ma tête depuis très longtemps.
Ainsi que toutes les planètes que je dessine dans Star Wars, parce que pour La Haute République, nous n’avons pas vraiment de description très précise… Non, non, nous avons une description mais nous n’avons pas de concept arts précis pour les planètes du premier numéro. Aussi j’ai simplement pris ce que j’ai en tête dans mon monde imaginaire, et je les ai mis dans mes dessins, sur les pages blanches. Je trouve que vivre dans deux mondes aide beaucoup un artiste de comics ainsi il est possible d’emprunter des éléments du monde imaginaire n’importe quand pour dessiner des créatures et d’autres choses. Et oui, les gens me voient toujours avec un carnet à dessins et des crayons, et je n’arrête pas de dessiner.
Lorsque j’allais à la fac, j’avais deux choix : ou je prenais comme sujet principal les Beaux-Arts ou alors je suivais Architecture. J’étais très motivé par l’Architecture car mon père est un architecte et quand j’étais petit, je le voyais toujours voyager à travers le monde, en train de prendre des photos de superbes bâtiments et d’en faire des présentations car il est professeur et donc prépare des présentations à partir de ces photos. À cette époque, quand j’étais petit donc, je pensais que c’était ça le travail d’un architecte : aller à travers le monde, prendre des photos et voilà ! Donc forcément je voulais faire la même chose… Et donc forcément, j’étais loin, très loin du compte, et j’ignorais en fait ce qu’était être architecte (rires) – C’est beaucoup plus compliqué que ça ! Une fois le lycée terminé, j’ai donc fait les deux examens, et j’ai été, en fait, accepté dans chacune des sections ! J’ai donc été accepté en Communication et conception visuels à l’ITB (Bandung Institute of Technology), la meilleure fac pour l’Art en Indonésie et j’ai aussi été accepté à l’Université Parahyangan en Architecture… J’ai donc décidé de prendre Architecture, et lorsque tous mes amis l’ont appris, ils m’ont traité de fou car je n’avais pas choisi les Arts. Mais j’avais mes propres raisons pour avoir choisi Architecture. J’étais donc un jeune adolescent insouciant, et je pensais que je ne voulais pas être influencé en prenant les Beaux-Arts, pour moi les arts doivent être expérimentés comme une religion, à titre personnel, je veux faire de l’art selon mon humeur, et non selon des principes académiques. Je souhaite tout expérimenter : y compris faire de superbes erreurs qui sont les miennes, ne subir aucune influence de personne. Ça me donne la possibilité d’explorer ce domaine d’une façon très personnelle. Si j’avais étudié les Beaux-Arts, peut-être que je dessinerai mieux aujourd’hui, mais à l’époque j’étais trop arrogant pour y penser.
Je pensais aussi que je devais suivre ce cursus technique, l’architecture donc, pour apprendre à avoir une façon de penser aux concepts et aux structure. A la place de devenir trop spontané dans grâce aux Beaux-Arts, plutôt que de devenir trop sauvage : laisser aller ses pensées librement et toute la liberté qui va avec. Prendre l’architecture me permettra de penser de façon systémique, et j’ai besoin de connaître mes limites lorsque je fais quelque chose. J’ai donc effectivement choisi architecture, et j’ai été diplômé en 4,5 ans, et a posteriori cela m’a aidé et j’ai travaillé dans beaucoup d’endroits. La possibilité de penser et de créer d’une façon systémique est très utile dans ce domaine. J’ai travaillé dans des agences de publicité où il est nécessaire de bien conceptualiser pour vendre des choses. J’ai aussi travaillé sur des films, et là il faut quelque chose de très structurel pour le département artistique. Tout cela a donc participé à former ma carrière. Si je n’avais pas étudié l’architecture, peut-être que je ne serai pas aussi structurel et conceptuel que je le suis aujourd’hui. Ça m’aide à travailler sur plusieurs projets en même temps, et actuellement je suis sur six projets. L’architecture est comme une énigme que l’on essaie de résoudre, un peu comme lorsque qu’un client dispose d’une surface et qu’il souhaite y mettre un certain nombre de pièces ou de chambres, et donc il faut résoudre ce problème.
MiB : Oui, il faut gérer les contraintes.
Ario : Voilà, exactement. C’est vraiment ce qui m’aide à effectuer mon travail, à commencer par la gestion du temps, et c’est encore là que je pêche, et donc faire des choses de façon conceptuelle et structurelle, et enfin suivre architecture me permet, lorsque je dessine Spider-Man, qui se balance d’immeuble en immeuble, d’être sûr que les immeubles sont suffisamment résistant pour que Spider-Man se balance !
MiB : Je trouve cela une très bonne raison. Quelques fois nous ne pensons pas à ce genre de choses. Mais on peut déjà voir ça dans le premier numéro de La Haute République, où la padawan doit monter sur une tige, on peut y voir une fine structure et ainsi de suite.
Ario : Et cela m’a aussi aidé à dessiner le Flambeau Stellaire car ils m’ont demandé de dessiner son intérieur. Comment les pièces sont agencées, où se trouvent les couloirs, comment est le hall principal – là où Keeve est adoubée, et que les autres Jedi lèvent leur sabres-laser. Et oui, j’ai donc aussi dessiné cet endroit. Mes connaissances de l’architecture m’ont aidé à concevoir des éléments de la Haute République.
« Travailler sur Star Wars ? Non ! »
MiB : comme l’on parle de cela, j’aurai une autre question liée à la Haute République : comment vous êtes-vous retrouvé impliqué dans ce projet ?
Ario : Lorsque l’on m’a proposé de travailler sur ce projet, je ne savais rien et je n’avais rien lu à ce sujet. En fait, la personne qui m’a fait la proposition est Mark Paniccia. Il est Senior Editor chez Marvel Comics, et nous avons déjà travaillé ensemble sur plusieurs livres, et apparemment, il fait attention à mon travail et il m’a dit que je m’améliore de plus en plus. Puis un jour, il m’a dit : « J’ai un projet Star Wars que je souhaite te proposer, et que j’aimerai que tu travailles dessus si cela t’intéresse. » J’ai répondu : « C’est quoi Star Wars ? »
MiB : NON ?
Ario : (rires) Non, non 😉 J’ai ajouté : « Tu as dit Star Wars ? Bien sûr que je veux en être ! » Mais à ce moment-là, je ne savais toujours pas ce dont il s’agissait. Je pensais que j’allais dessiner du Star Wars que nous connaissons, comme dans le Star Wars Annual. Nous connaissons tous les personnages de la Saga Skywalker. J’ignorais qu’il s’agissait d’un projet entièrement nouveau. Cela se passait en 2019, quand j’allais rencontrer Mark pour la première fois, et il m’a donc expliqué ce qu’était la Haute République lors du Comic Con de New York. C’était donc avant la pandémie, et je ne me doutais pas que l’année suivante, tout allait changer. Donc nous étions toujours en 2019 et je pensais : « Oh ils vont sans doute faire la proposition à un autre artiste…. » Et la pandémie a frappé, et en même temps je commençais à avoir l’information que je travaillerais sur la Haute République… J’ai donc fait des recherches sur internet pour voir ce que c’était et je me suis dit : « waouh, c’est géant ! Et ils m’ont proposé de faire un truc aussi important ?! » Et puis… euh… aucune pression bien sûr ! Je me demandais si j’étais prêt à ça : en tant que fan de Star Wars, la dernière chose que je souhaite faire, c’est contribuer à sa destruction ou à sa ruine. J’étais de plus en plus nerveux. En plus, à cause de la pandémie, je n’ai pas pu commencer à travailler directement dessus. Pendant trois à quatre mois, pas de nouvelle, je me disais que cela n’allait pas se faire et j’étais : « oh ce n’est pas bon, ils ont sans doute pris un autre artiste, sans doute quelqu’un de plus grand que moi, pour ce projet important. » Mais alors Mark m’a de nouveau contacté et il m’a demandé si j’étais toujours disponible, j’ai demandé « pour le projet Star Wars ? » il m’a répondu « Oui » puis j’ai continué « Je serai toujours disponible pour Star Wars. » Ensuite nous avons commencé à travailler dessus et j’ai eu des réunions en ligne avec Cavan Scott, sur Zoom. À ce moment-là, j’avais déjà lu plein de critiques négatives sur internet.
(imitant les gens) « Oh mais c’est quoi ça la Haute République ? Ça va être affreux, et ci et ça. »
Bien entendu, j’avais mes propres doutes, mais après avoir eu mes réunions avec Cavan Scott, je savais immédiatement que c’est un fan de Star Wars. Et nous n’avons pas d’agenda, ou quelque chose comme ça. Nous voulons simplement faire de superbes aventures intéressantes dans l’univers de Star Wars, et emmener les gens avec nous. On veut donner le meilleur aux fans, nous y compris. Mes doutes se sont dissipés. Je savais alors que cela allait être superfun, et qu’en tant que fan de Star Wars, j’allais adorais l’aventure. Allons-y.… mais je ne savais pas si je pourrais le faire car c’est sans doute le projet le plus difficile que j’ai eu. À ce moment j’étais très excité mais aussi très nerveux ! Comme j’avais tellement peur je me demandais si j’étais capable de le faire. Cela me semble un projet tellement important où il y a tellement d’événements qui se produisent à grande échelle, que je me demandais si j’allais rendre justice à l’histoire en dessinant. Mais c’est la vie, non ? Vous devez faire face à un défi, et donc on y va ! Et nous avons donc commencé ce projet… C’est comme cela que j’ai été impliqué dans la Haute République.
MiB : Et c’est tellement un projet important avec tous les romans, les comics, etc. Je voulais aussi vous demander : est-ce que Lucasfilm vous a fourni des concepts arts ?
Ario : Oh oui ! Une tonne. De plus, ils sont merveilleux et très beaux, mais comme avec tout ce qui est neuf, il y a beaucoup d’endroits à remplir ici-et-là. C’est vraiment très nouveau, tout en étant très vieux (NDRolyat : l’action de la Haute République se passe 200 ans au moins avant l’Épisode I). Cela se passe à une époque lointaine, mais nouvelle. Il y a beaucoup de nouveaux personnages, de nouveaux designs. D’une certaine façon, c’est merveilleux de pouvoir concevoir des éléments pour des personnages de Star Wars, des créatures, des vêtements, un style. Et oui, donc, Marvel et Lucasfilm nous ont fourni beaucoup de concepts arts.
MiB : La semaine dernière j’ai juste terminé le premier TPB en français, et j’étais impressionné. J’aime vraiment la façon dont vous dessinez les personnages.
Ario : Merci beaucoup.
MiB : Je suis en train de me demander : nous sommes habitués à des artistes de comics venant de l’Ouest, comme l’Europe ou les USA. Lorsque j’ai vu votre nom, j’ai pensé : « hum, ce n’est pas un nom commun pour des pays de l’Ouest ! » puis j’ai regardé un peu mieux, et j’ai découvert que vous êtes Indonésien, et j’ai quelques points communs avec l’Indonésie… Aussi, est-ce qu’il y a des parties de votre culture qui vous ont influencé pour la Haute République ? Même si je pense déjà avoir une partie de votre réponse, comme nous avons discuté un peu avant.
Ario : Dans un numéro de la Haute République, mais je ne sais plus lequel, je devais dessiner ces deux Jedi en train d’amener ce Drengir en prison, et ils ont fini par laisser… Non, non, je veux dire ils ont piégé le Drengir, et les deux Jedi, enfin les deux Sith je veux dire. J’ai donc dessiné les deux lords Sith se faisant attaquer par le Drengir, mais avant cela ils portaient des masques. En fait le masque Sith est basé sur le masque de Java, Hanuman. Je pense que c’est le seul élément indonésien que j’ai emprunté. Mais il y a un autre élément de ma vie, comme je l’ai mentionné plus tôt : j’ai pris plusieurs éléments de mon monde imaginaire tels les créatures et les planètes. Tout ça est déjà dans ma tête depuis des années, et je suis content de leur trouver une place où les mettre. Je sais très bien que je ne peux emmener personne avec moi voir ces mondes imaginaires, comme ils sont dans ma tête, et je ne sais pas comme y mettre les gens aussi, donc la seule façon est de leur montrer par mes dessins. Dès que j’ai la possibilité de montrer aux gens des petits morceaux de ce que j’ai dans ma tête, c’est toujours un moment précieux. Donc lorsque j’ai dû illustrer la planète du premier numéro (NDRolyat : de la Haute République), j’ai beaucoup emprunté à mon monde imaginaire pour l’y mettre. Et je fais de même pour mes créatures, qui viennent donc de mon monde imaginaire aussi. Ça signifie beaucoup pour moi, quand des amis me demandent et qui se demandent : « Ario, à quoi ressemble ton monde imaginaire que tu as dans ta tête ? » et je réponds alors : « si seulement je pouvais t’emmener pour te montrer, tu verrais comme c’est merveilleux et très beau. Je n’utilise pas de drogue, mais c’est merveilleux !
(rires) Peut-être je peux vous montrer de petits morceaux si vous lisez mes travaux, et donc vous verrez de petites parties. C’est un peu comme Alice au Pays des Merveilles. On les voit dans mes travaux. » Donc beaucoup de choses dans la Haute République viennent de ce monde imaginaire à moi.
MiB : Donc la créature géante avec les yeux jaunes, les quatre yeux jaunes (c’est-à-dire les locustes) [font partie de ton monde imaginaire] ?
Ario : Oui, oui, mais les couleurs sont différentes dans mon monde imaginaire. Pour les couleurs, Ana Lisa Leonist a fait un très bon travail, un travail fantastique même avec les couleurs, de telle façon que j’ai laissé une liberté totale à Ana Lisa, elle pouvait colorer comme elle voulait. Nous avons eu des discussions à ce sujet, du genre : « ne les fais pas en vert, sinon on pourrait le confondre avec la planète elle-même, choisis une autre couleur. » Mais oui, globalement les couleurs sont très différentes dans mon monde imaginaire. Je ne voulais pas imposer de couleurs, je souhaitais qu’elle soit libre d’exprimer ce qu’elle ressentait à travers les couleurs, et je pense qu’elle a véritablement effectué un travail merveilleux !
MiB : En parlant de dessiner, et d’autres choses, est-ce que vous dessinez sur papier, sur ordinateur ou bien un mélange des deux ?
Ario : Un peu des deux. Mais pour la Haute République, j’utilise le dessin traditionnel, donc j’utilise crayon et papier comme lorsque j’étais petit.
MiB : [Donc une fois la planche faite], Vous la scannez et l’envoyez à Marvel ?
Ario : Oui.
MiB : Est-ce que vous avez des retours, des demandes de Cavan Scott au sujet de vos dessins, ou pas nécessairement ?
Ario : Oh oui, nous discutons de plusieurs choses. Je souhaite toujours faire au mieux pour représenter ce qu’il écrit dans son script autant que possible. Je n’aime pas changer les scripts et je ne souhaite jamais le faire, donc lorsque je dessine un script, je souhaite le visualiser aussi bien que possible. C’est ce qu’il y a dans le script et si je peux l’imaginer visuellement, cela sera comme ça, et forcément on en parle avec Cavan, mais heureusement nous avons les mêmes goûts, les mêmes visions donc il n’y a pas trop de changements lorsque je montre les dessins à Cavan, et la plupart du temps, il apprécie beaucoup, et nous nous entendons tellement bien que nous avons fini par collaborer encore sur d’autres projets. En fait, je suis reconnaissant d’avoir pu travailler avec une telle équipe fantastique sur la Haute République. Tout le monde se soutient, et on s’apprécie les uns les autres. Nous travaillons très bien ensemble, notre alchimie est géniale et nous souhaitons tous pouvoir réaliser le meilleur produit possible. Chaque question que l’on a, est pour le mieux. C’est rare d’avoir une telle équipe qui travaille aussi bien ensemble, c’est comme une famille. C’est fantastique.
MiB : Est-ce que vous avez aussi des retours d’autres auteurs comme Charles Soule, Claudia Grey ?
Ario : Pour l’instant, ils n’ont que des commentaires bienveillants et magnifiques. Ils aiment ce que j’ai fait avec la Haute République. Surtout Daniel, il apprécie beaucoup le travail que j’ai fait, comme j’apprécie beaucoup ce qu’il a fait pour Star Wars Adventures. Oui, en fait, les retours que j’ai eus sont très positifs qu’il s’agisse de retours des autres auteurs ou bien des lecteurs, et j’en suis très content car les fans de Star Wars peuvent être très difficiles (rires). Cela peut en être terrifiant, cela peut faire très peur. À tel point que mentalement, cela peut-être faire des dégâts, et j’en ai très peur. Bien entendu, et je dois l’admettre, je ne suis pas l’un de ces géants du comics comme Alex Ross, Adam Huges, Mike Mignola, ou Oliver Coipel, je commence à peine. J’ai des craintes. J’ai peur aussi que les gens n’apprécient pas ou qu’ils n’aiment pas mon travail. Quant aux personnages, nous travaillons sur eux depuis le début, et depuis leur conception. Personne ne les connaît, et c’est à nous, [les auteurs et artistes] de les faire accepter, de les faire aimer par le lecteur. Si je ne parviens pas à dessiner ces personnages, les gens ne se sentiront pas attachés à eux, et donc ils se moqueront de ce qu’il adviendra aux personnages. Et c’est vraiment la dernière chose que je souhaite faire en fait. Je veux [surtout] que les gens aient le sentiment de connaître les personnages, qu’ils se sentent proches et qu’ils aient une sorte de connexion. Et je veux aussi que les gens prennent conscience que c’est le nouveau Star Wars. C’est toujours le Star Wars que nous connaissons et aimons tous. Et je suis très content de lire les critiques, si je regarde Twitter. Je suis aussi très content de lire les réponses. Les gens l’acceptent et ils sont heureux. Le numéro 1 [du comics de la Haute République] a eu beaucoup, mais vraiment beaucoup de réimpressions. Je crois qu’il y en a eu au moins cinq.
MiB : Cinq réimpressions ? J’avais entendu parler des réimpressions, mais je ne pensais pas que c’était autant.
Ario : Oui et j’en suis très reconnaissant, je n’aurai jamais pensé que cela puisse se produire, et quand je vois la liste Diamond des 10 comics les plus vendus en 2021, et que La Haute République figure dans cette liste je me dis : « Waouh ! Voici le comic sur lequel j’ai travaillé. » Bien sûr lorsque je lis Twitter, il y a aussi des commentaires négatifs, ici et là… Comme d’habitude, et ce pour n’importe quel projet en fait. Il n’est pas possible que tout le monde vous aime, et c’est OK, c’est même normal. J’essaie simplement de ne pas me concentrer sur ce genre de choses. Principalement car eux [les haters] ne veulent pas les lire, ils n’ont pas donné sa chance à la Haute République. Ils ont déjà donné leur avis négatif avant même d’avoir essayé de lire ou avant d’avoir tenté de connaître la série. Et j’aimerai leur dire que nous sommes tous des fans de Star Wars. Nous aimons tous Star Wars. J’aime tous les personnages de la trilogie originelle, bien sûr. J’ai grandi avec eux.
Avant de travailler sur le Star Wars Annual, j’ai eu, par mon agent, une proposition de travailler sur un autre comic Star Wars, mais j’ai refusé car j’avais trop peur… Je suis un grand fan de Star Wars, et je ne veux pas ruiner [cette saga], donc j’ai dit : « non, désolé, je ne peux pas dessiner de vaisseaux, et je ne suis pas doué pour dessiner des droïdes, donc je passe mon tour pour ne pas ruiner Star Wars. » Et donc j’ai raconté ceci à mon épouse, et elle voulait me tuer (rires) car elle est aussi une très grande fan de Star Wars. Je lui ai expliqué mes raisons, que je ne voulais pas faire ci ou ça pour ne pas ruiner Star Wars, et elle m’a dit : « Quoi ?… Attends, ne bouge pas, assieds-toi ici, je vais simplement prendre mon couteau… » et alors j’ai dit : « non, non, s’il te plaît, épargne-moi et j’apprendrai à dessiner des vaisseaux et d’autres choses. » Plus tard, je suis allé en Malaisie car j’avais été invité à une Comic Con Malaisienne, si je ne me trompe pas, et j’avais rencontré l’un de mes amis, qui a plus d’expérience que moi, et son nom est Alan Qwa, et je lui ai donc raconté mon histoire sur Star Wars et que j’avais refusé, que j’ai dit non à Star Wars parce que je craignais de dessiner des vaisseaux et d’autres trucs comme ça. Puis, à l’aéroport, un peu avant de retourner en Indonésie, il est venu me dire aurevoir et il m’a donné ce livre « Star Wars Spaceships, » et il a dit : « comme ça tu n’auras plus de raison de dire non la prochaine fois que l’on te propose de participer à un livre Star Wars. » Et donc, lorsque j’ai eu une offre pour le Star Wars Annual, j’ai été obligé de répondre « Oui, » car Alan m’avait donné ce livre et ma femme avait le couteau, donc j’ai dit : « OK, je vais le faire. » Une fois que le Star Wars Annual a été fait, ça m’a donné la bonne impression qu’en fin de compte, que dessiner Star Wars, ça ne fait pas si peur que ça. Les gens ont aimé les pages que j’ai faites dans l’Annual, donc je pense que je peux faire d’autres comics Star Wars, mais lorsque l’on m’a offert la Haute République, je n’aurai jamais pensé que ça allait être un tel projet. Aussi, lorsque j’ai su que ça allait être le projet pour lequel Disney allait vraiment promouvoir la Haute République, je suis soudainement redevenu le petit poulet qui avait peur, et je me suis dit : « Oh seigneur, dans quoi me suis-je embarqué ?. » Je craignais d’avoir mangé plus que ce que je peux avaler. Mais heureusement, j’ai eu plein de commentaires de la part de lecteurs, des membres de mon équipe, de mes collègues. En gros, de tout le monde. Je lis toutes les critiques, et elles sont toutes positives, et cela me donne l’énergie de faire les pages de mieux en mieux. Je dois donc beaucoup aux lecteurs et critiques pour Star Wars The High Republic, car ce sont eux qui m’envoient la Force pour le faire, pour dessiner toutes les pages. Bien sûr, je dois aussi beaucoup à Mike Peniccia car c’est lui, en premier lieu, qui m’a fait confiance pour ce projet. Je serai toujours redevable à Mark car je ne sais pas ce qu’il a vu en moi, parce que je ne suis pas un très grand artiste de comics, mais il a eu foi en moi pour me lancer dans la Haute République et j’essaye juste de ne pas le décevoir et ni tous les fans de Star Wars. C’est mon objectif.
MiB : Et cela à l’air de fonctionner !
Ario : Merci beaucoup, j’en suis très content.
MiB : Comme je l’ai dit tantôt, je n’ai que le premier TPB en français, et je lis les autres en anglais, mais je les trouve très bien. Et en parlant de ça, un de mes collègues de MintInBox demande si vous parviendrez à dessiner Master Sskeer en train de sourire.
Ario : (rires) Oh mais il y a Sskeer qui sourit dans les comics Star Wars La Haute République, si si. En regardant dans un des numéros, vous le verrez. Au moins dans le dernier numéro, il peut être vu en train de sourire.
MiB : S’agit-il du dernier numéro de la Phase 2, celui que l’on a vu sur Jedi News ?
Ario : Oui, le dernier numéro est le numéro #15. Je pense bien qu’il y a Sskeer souriant.
MiB : Justement, dans la critique de Jedi News, il est écrit : « les magnifiques dessins d’Ario Anindito. »
Ario : Merci beaucoup, encore une fois. Il est vrai que ces critiques sont très gentils avec moi. Je ne me suis jamais senti autant apprécié pour mon travail aussi grand que la Haute République. L’appréciation de la part des lecteurs est immense, et j’en suis très content et reconnaissant, mais c’est vraiment un travail d’équipe. Mark Morales est un encreur de légende, et je regarde et lis ces œuvres depuis la fac. Donc pour moi, c’est véritablement un encreur de légende. Il est tellement bon et en plus il travaille de façon traditionnelle, il est vraiment épatant. Et j’ai aussi travaillé avec Annalisa Leoni qui est une coloriste italienne fantastique. Sur le dernier numéro j’ai aussi travaillé avec Carlos [Lopez], et lui aussi est fantastique. J’ai vraiment de la chance de pouvoir travailler avec de tels encreurs et coloristes, grâce à eux mon travail est dix fois meilleur qu’à l’origine.
MiB : Effectivement c’est vraiment un travail de collaboration. Donc juste pour que l’on soit bien d’accord, vous êtes l’artiste principal, le crayonniste (penciler), c’est ça ?
Ario : Oui !
MiB : Vous êtes celui qui dessine avec des crayons ou autre, et après vous, il y a le travail de l’encreur, qui, sauf erreur, finalise votre travail.
Ario : Oui, il s’agit de Mark Morales. Il encre mes dessins, donc il passe de l’encre sur les crayonnés que je fais, et ils les envoie ensuite aux coloristes – Annalisa ou Carlos – et ensuite ils les envoient à Ariana Maher, la lettreuse, et voilà ! Tout ce processus est regardé avec attention par les éditeurs.
MiB : Alors que vous répondiez, je regardais l’édition française, le lettreur fait-il toutes les langues ou bien uniquement pour l’édition originale ?
Ario : Je ne sais pas.
MiB : Et je vois aussi qu’il y plusieurs concepts arts faits par différents artistes comme Diogo Saito…
Ario : Oui, Diogo a fait les concept arts pour quelques personnages de la Haute République.
MiB : Et nous avons aussi des concepts arts pour le Flambeau réalisés par Pascal Blanché et d’autres.
Ario : Et si je me souviens bien, Keeve vient d’un concept de Phil Noto, Diogo a fait une feuille complète de conception pour Keeve, mais le personnage original est dessiné par Phil Noto.
MiB : Et Phil Noto réalise la plupart des couvertures.
Ario : Oui.
MiB : Et vous avez votre propre façon de dessiner, qui ressemble à du Phil Noto, tout en étant différent. Vous avez pris le concept et vous vous l’êtes vraiment approprié.
Ario : Merci.
MiB : J’ai encore plusieurs questions si vous avez encore du temps à m’accorder : quels personnages avez-vous vraiment apprécié dessiner, de Star Wars ou de n’importe quel autre univers, DC, Marvel, ou de n’importe quelle autre maison d’édition ?
Ario : Dans l’univers de Star Wars, j’adore dessiner Master Sskeer car j’aime dessiner les créatures, et je pense qu’il ressemble à une créature. C’est un Trandoshan, mais je l’ai fait différent de Bossk, le Trandoshan que tout le monde connaît. Car j’imagine, comme nous, ils ont des caractéristiques physiques et des visages différents et Master Sskeer est simplement plus beau que Bossk (rires). C’est aussi simple que ça.
MiB : Peut-être aussi parce que c’est un Jedi ?
Ario : Oui, oui, c’est un Jedi et il est vraiment doux, donc c’est pour cela que je l’ai dessiné plus beau que Bossk. Bossk, lui, est un monstre, son visage est plus proche de celui d’une créature.
MiB : C’est moi, ou Master Sskeer est plus carré que Bossk ?
Ario : Oh oui, oui. Il est vraiment plus costaud, mais son visage est plus doux. Bossk est comme un animal sauvage. Master Sskeer est plus humain, plus doux, ah et oui, il est aussi plus civilisé. Et bien entendu, j’ai adoré dessiner Keeve aussi, car c’est vraiment mon personnage préféré de la Haute République. On embarque avec elle dans ce voyage, du numéro #01 au numéro #15. Je la considère comme mon bébé. Je l’ai amenée de jeune Padawan à Chevalier Jedi puis jusqu’à ce qu’elle soit maintenant dans le dernier numéro. Elle a vraiment eu un développement de personnage magnifique, et tout ça grâce au travail des différents auteurs, y compris, bien sûr, Cavan Scott. Je pense que c’est un génie. J’aime beaucoup travailler à partir de ses scripts car c’est un génie… C’est vraiment un génie cruel…
MiB : Un génie cruel ?
Ario : Oui, il fait plein de choses sadiques. Les gens pleurent à cause de lui !
MiB : Oui, c’est vrai, je suis d’accord avec vous : dans le premier TPB en français, nous sommes laissés avec un pauvre Master Sskeer terriblement blessé par les Drengir et nous voulons vraiment savoir ce qui se passe après.
Ario : Oui c’est cela ! C’est un écrivain cruel, ce que j’apprécie car nous avons le même genre d’humour noir, et nous faisons des blagues du même genre, et aussi car nous aimons tous les deux les films d’horreur. Donc oui, c’est drôle car nous ne nous sommes pas encore rencontrés en vrai, même si nous avons l’impression que nous nous connaissons et que nous nous sommes déjà rencontrés. Parmi toutes les personnes avec lesquelles j’ai travaillé sur la Haute République, je n’ai vraiment rencontré que Mark Paniccia. Je n’ai jamais rencontré les autres en personne. Oh, si, j’ai rencontré Rachelle Rosenberg, qui est la coloriste pour le numéro #09 je crois. Mais à part ces deux-là, je n’ai jamais rencontré Mark Morales… Oh j’ai rencontré Tom Groneman, c’est l’éditeur de la première moitié de la Haute République… Je l’ai donc rencontré et c’est une personne merveilleuse et très agréable de travailler avec. Donc, je l’ai rencontré, ainsi que Mark Paniccia et Rachelle Rosenberg, mais les autres jamais.
MiB : Oh, j’ai vu dans les crédits de l’édition française, que le lettreur est Christophe Cemoil, et bien sûr, nous avons un traducteur et c’est normal.
Ario : Annalisa Leoni est dans la même agence que moi. Nous sommes comme des frères et sœurs qui ne se sont jamais rencontrés (rires).
MiB : Et de différents parents…
Ario : Oui (rires).
MiB : Donc c’était à propos de la Haute République, mais d’une façon générale, est-ce qu’il y a des personnages que vous aimez dessiner, dans votre carrière ou votre temps libre ?
Ario : Oh oui ! Et j’ai oublié de répondre. En dehors de Star Wars, j’aime dessiner Deadpool car j’ai pu le faire plusieurs fois pour Marvel, et j’apprécie beaucoup. Il y a aussi Weapon X euh… Weapon H en fait. Weapon H est un mélange entre Wolverine et Hulk, donc il est comme Hulk, mais il est gris, et il a les griffes de Wolverine. Il a vraiment le meilleur des deux mondes : il a la puissance de Hulk mais aussi le squelette en adamantium de Wolverine ainsi que sa capacité à se regénérer… Vous ne voulez donc pas embêter Weapon H. Il y a aussi mon personnage favori chez Marvel : Gambit, mais je n’ai jamais pu le dessiner jusqu’à présent. Donc oui, Remy Lebeau est mon personnage préféré. Et il parle français (rires), c’est un personnage très amusant et j’espère pouvoir le dessiner un jour.
MiB : Peut-être, on ne sait jamais. Et chez DC ?
Ario : Chez DC, mon personnage favori est certainement le Joker. J’aime vraiment le dessiner, et en fait j’ai dessiné une statue pour XM Studios. En plus du Joker, j’aime beaucoup aussi Zatana et Harley Quinn bien sûr, et Lobo et Swamp Thing. Ah oui, j’aime plus les méchants que les héros (rires).
MiB : Oui, ce n’est peut-être pas à cause de leur charisme, mais ils ont quelque chose de plus dont on se souvient.
Ario : C’est vraiment plus drôle de dessiner les méchants. Ce sont des personnages très intéressants car ils n’ont souvent pas qu’une facette. Il faut canaliser toute ta folie lorsque tu les dessines. C’est un peu comme de la thérapie par l’art (rires).
MiB : Je pense que j’ai vu sur votre Instagram un gars avec une casquette. Est-ce que c’est un personnage indonésien ou votre propre création ?
Ario : Ah le gars avec la visière ? Avec une casquette, il porte une casquette. C’est une collaboration entre moi et la plus grande société de livraison d’Indonésie. Ils m’ont approché et ils m’ont dit : « Hey ! Nous aimerions travailler avec vous. » Et donc on s’est demandé si on pouvait faire quelque chose avec ce coursier, c’est la mascotte appelée Joni, et c’est juste un gars normal, et donc ils ont dit : “Ça serait amusant si vous pourriez en faire une sorte de super-héros, » et j’ai donc répondu : « Ok, faisons-le, on va s’amuser avec. » Et bien entendu, j’ai dessiné Super Joni comme si c’était Iron Man, mais c’est juste un coursier normal, et il a un équipement hi-tech qui lui permet de faire mieux ses livraisons et de les faire plus rapidement, et plus efficacement. Je crois que les gens apprécient ce Super Joni.
MiB : En parlant de ça, ça me rappelle la circulation à Jakarta et je crois que ton gars pourrait aider.
Ario : C’est pour cela que Super-Joni vole !
MiB : Pour ceux qui nous écoutent, Jakarta est une ville avec des bouchons très fréquents et surtout très longs.
Ario : Oh oui, c’est pour ça que je ne vis pas à Jakarta ! J’y ai travaillé pendant plusieurs années, je pense vers 2010-2011 puis je suis retourné à Bandung en 2013. Et je pense que trois ou quatre ans à Jakarta, ça suffit (rires). Et je réalise que c’est trop de stress car tu passes ton temps dans la circulation, et si tu cumules et combines tout le temps passé dans les bouchons, tu passes presque ta vie dedans, ou plutôt quelque chose comme cinq ans. Je ne veux clairement pas passer ma vie dans les bouchons, vous savez. C’est pour ça que je suis retourné à Bandung.
MiB : Je crois que j’ai le même problème avec Paris, même si je n’ai jamais vécu là-bas, juste en tant que touriste. Mais quand je vois la circulation… Ça m’est impossible de me voir aller et rouler dans Paris. Je suis bien dans ma petite ville, il n’y a pas de problème.
Ario : Oui, moi aussi. Euh, Bandung n’est pas si petite mais c’est certainement mieux que Jakarta. Nous avons de la circulation, mais ce n’est pas aussi catastrophique que Jakarta. Et les gens sont plus sympathiques.
MiB : Attention, mon épouse pourrait confirmer ou non cela.
Ario : Ben, ce n’est pas un secret, mais Jakarta est un endroit difficile, c’est vraiment une ville difficile. C’est une ville où la compétition est plus rude. Lorsque je suis retourné à Bandung, j’ai trouvé que les gens étaient plus sympas car ce n’est pas aussi difficile qu’à Jakarta. Je ne dis bien sûr pas que les gens sont comme ça car ils sont méchants, non, non, pas du tout, rien du tout comme ça. C’est à cause de leur environnement. Quand on est placé dans un tel environnement difficile, vous devez être plus costaud, plus résistant, voir même sans pitié.
« C’est encore la faute de mes cousins »
MiB : Quand avez-vous commencé Star Wars ?
Ario : Oh… Encore, c’est la faute de mes cousins (rires). La première fois que j’ai vu quelque chose lié à Star Wars, c’était lorsque j’étais en visite chez eux. Je regardais un épisode de Sesame Street (NDROlyat : vers la même époque en France, nous avions 1 rue Sésame) dans lequel il y avait R2-D2 et C-3PO. Et j’étais : « Mais c’est quoi ces deux robots au look bizarre ? Pourquoi sont-ils dans le monde des Muppets ?. » Mes cousins ont alors répondu : « Tu ne connais pas C-3PO et R2-D2 ? » – « Non, devrais-je les connaître ?. » Surpris ils ont dit : « Tu dois voir Star Wars, » et voici donc comment j’ai été exposé à Star Wars, et le reste fait partie de l’Histoire. Je n’aurai jamais imaginé un jour que j’allais dessiner du Star Wars, mais c’est comme ça, mes cousins ont de l’influence sur moi, même s’ils ne le savent pas !
Ils sont comme ça : « On lit des comics, on les a lus, c’est fini, et voilà tu peux les lire. » Et quand j’étais chez eux : « Regardons Sesame Street… Ah tu ne connais pas ces robots ? Bien, regardons Star Wars ! » et voilà comment cela a changé ma vie (rire) ! Voilà, ce sont des petits gestes de mes cousins car j’ai grandi dans un… euh… Nous n’étions pas pauvres, mais nous n’étions pas riches non plus, donc je n’avais pas forcément beaucoup de références étant plus jeune, je n’avais pas beaucoup de comics. Mes cousins, ils sont… On peut dire qu’ils sont riches et donc ils avaient beaucoup de comics et ils étaient tellement gentils/cools/sympas de me les prêter comme cela je pouvais les lire.
Quand j’avais six ans, mes parents ont divorcé, j’ai déménagé à Bandung, je vivais d’abord à Jakarta quand j’étais petit puis nous sommes allés à Bandung. C’est pour ça que je dessine tout le temps car je n’avais pas de jouets. Mon enfance était difficile mais ma maman est une super maman, une mère célibataire géniale. Elle nous a élevés mon frère et moi toute seule, et bien sûr maintenant nous sommes beaucoup plus à l’aise économiquement parlant. Nous sommes vraiment mieux que ce que nous avions été, et je suis très content de pouvoir repayé à ma maman ce qu’elle a fait pour nous. Elle nous a élevés le mieux qu’elle a pu en étant responsable. Je me souviens je revenais de Jakarta et je rentrais donc à Bandung, je lui ai ramené mon premier comic DC que j’avais fait et il y avait mon nom dessus, et j’avais aussi gagné une récompense pour une de mes pubs TV, et lorsque je suis arrivé à la maison, je les ai montrés à ma maman et elle était vraiment contente. Ça devait être en 2012, et maintenant elle est vraiment fière de ses fils, et c’est l’un de mes objectifs : la rendre heureuse parce que c’était une mère célibataire géniale.
MiB : Est-ce que votre Maman connaît Star Wars ou les comics en général ?
Ario : Je ne pense pas qu’elle ait déjà vu un seul film Star Wars (rires).
MiB : La mienne non plus je crois.
Ario : Mais je lui ai donné mes comics Star Wars. Je ne sais pas si elle les a lus ou pas, mais son anglais n’est pas très bon. Elle a sans doute regardé les images, et elle sait que Star Wars est grand et connu à travers le monde et l’univers, donc elle est contente que je fasse du Star Wars bien sûr ! Mais celle qui est le plus contente, c’est ma femme. Et c’est pour ça que je suis toujours en vie (rires).
MiB : Vous avez dit que vos cousins vous ont prêté leurs comics. Étaient-ils en anglais ou en indonésien ?
Ario : Oh oui, ils étaient déjà traduits en indonésien, c’est pourquoi j’ai pu les lire. Et j’avais de la chance de pouvoir lire les comics européens quand j’étais petit car ils étaient tellement bien, ils sont magnifiques. Artistiquement parlant, ils sont magnifiques et différents, oui. Les comics américains sont extra, ils sont aussi très bons, mais je pense que la différence principale c’est que les comics américains ont moins de pages (NDRolyat : souvent une vingtaine) et beaucoup de texte à lire. Mais les comics européens ont beaucoup de pages, et il y a beaucoup d’action / aventures, et de petites bulles de texte. Ainsi il y a une grande place pour l’action. Prenons par exemple les Schtroumpfs, on peut donc voir ce qu’ils font, c’était plus approprié pour moi quand j’étais petit : je voyais plus de dessins que de textes. En tant qu’enfant j’appréciais beaucoup plus. Mais en grandissant, et avec le recul, tous les comics sont très bien : les comics américains sont merveilleux et en plus je travaille dans l’industrie du comic US, et c’est, je crois, un endroit fantastique où travailler. Et j’aime aussi les comics européens : j’ai eu l’occasion de rencontrer le créateur de Blacksad lorsque j’étais au Comic-Con de New York je crois, et Blacksad est merveilleux.
MiB : Et si je ne me trompe pas, l’artiste est espagnol.
Ario : Oui. Et j’aime aussi les mangas japonais. Oh je les aime beaucoup. En gros, j’aime tous les comics : européens, américains et manga. Je les aime tous autant. Il y a des gens qui n’aiment pas les mangas, ils ne lisent que les comics US, ou alors ceux qui n’apprécient pas les comics US et ne lisent que les comics européens. Mais pour moi, chacun a son propre style, et ils sont tous géniaux. Ils ont chacun leur propre beauté ou appel. On ne peut pas remplacer un comics US par une bande dessinée européenne, non, ce n’est pas possible, c’est différent. Ils sont tous merveilleux, ils sont tous bons. Mais je parlais de lorsque j’étais un enfant, c’était plus simple pour moi d’apprécier les bandes dessinées européennes car il y avait moins de texte, moins de mots, plus de dessins et plus d’action. Pour un enfant, c’est plus simple à lire et à aimer.
MiB : Effectivement, mais comme un contre-exemple, on pourrait citer Tintin qui a tout de même beaucoup de texte dans les bulles.
Ario : Oui, et justement, je ne les lisais pas quand j’étais petit. Je n’aimais pas justement car il y avait trop de mots, mais depuis j’ai grandi et j’adore.
MiB : Il y a la scène complète, le texte, et vous devez imaginer en image ce qui est dit.
Ario : Exactement ! Mais lorsque l’on lit Astérix et les Schtroumpfs, ce n’est que de l’action, vous y êtes, vous êtes dedans… Et le Marsupilami, et Spirou et Fantasio, ce sont des aventures et c’est amusant.
MiB : Ario, au sujet d’Astérix… Je pense que vous l’avez lu en Indonésien, il y a beaucoup de jeux de mots en français, principalement lorsque vous regardez les noms des personnages.
Ario : Oui, je l’ai lu en Indonésien. Ils ont traduit les noms, et c’est simplement génial de voir comment ils ont réussi à traduire ces noms tout en les gardant amusants.
MiB : Les noms ont effectivement une signification, vous devez les comprendre, et ils doivent sonner « gaulois, » car Astérix est un Gaulois… Et qu’en est-il de l’industrie du comic en Indonésie ?
Ario : Oh, c’est en constante progression, et c’est vraiment bien. Quand je vois les artistes de comics en Indonésie, aujourd’hui, j’ai tendance à penser : « Oh mon Dieu ! Je ne pouvais pas dessiner aussi bien quand j’avais leur âge, ils sont vraiment très bons. » Ils ont beaucoup de chance car aujourd’hui il y a beaucoup de plates-formes où diffuser leur art. Ils ont tous les outils pour dessiner. Maintenant ils ont des tablettes Wacom Cinteq, des outils numériques avec lesquels ils peuvent créer plein de choses. Et il y a aussi des tutoriaux sur YouTube, quand ils le souhaitent. S’ils veulent apprendre à dessiner anatomiquement, ils peuvent effectuer une recherche ou regarder sur YouTube, et voilà on trouve des tutoriaux. Dans le temps, avant internet, alors que nous étions encore en des temps sombres, nous devions trouver des livres sur comment dessiner l’anatomie et des choses comme ça, donc c’était plus difficile pour nous, et c’est aussi pour cette raison que les artistes de comics aujourd’hui, en Indonésie, sont meilleurs que je ne l’étais. Et c’est aussi pour ça que lorsqu’ils me disent : « Oh j’espère être comme vous, » je leur réponds « Non, non, vous ne devez pas être comme moi, mais meilleur que moi car vous avez accès à tous les outils et à toutes les ressources, vous avez toutes les références. VOUS DEVEZ être meilleur que moi. Vous ne pouvez pas ne pas être meilleur que moi, donc forcément vous devez être meilleur que moi. C’est un privilège qu’être artiste de comics aujourd’hui. »
MiB : Oui, et ce surtout maintenant que beaucoup de personnes peuvent travailler de presque partout. C’est « magique » !
Ario : Exactement ! Je suis très content de voir la situation actuelle de l’industrie du comics en Indonésie. Bien sûr, on me demande souvent si je ne souhaite pas faire de comics indonésien, et oui je voudrais. Mais à l’heure actuelle, j’ai la chance de pouvoir apprendre et d’étudier dans l’industrie américaine du comics, et cela n’arrive pas tous les jours de pouvoir faire ça dans l’une des plus grandes industries au monde. Donc tant que j’ai la possibilité de faire ça, je le ferai. Mais je ne suis pas égoïste en gardant tout ça pour moi. En Indonésie, je partage toujours professionnellement lorsque j’en ai l’occasion, même lorsque j’ai de lourdes contraintes ou des dates limite : je partage ce que je sais, mes connaissances, je partage ce que j’ai appris de l’industrie US du comics. Ainsi de jeunes artistes de comics indonésiens peuvent en tirer quelque chose. Ce n’est pas que je ne veux pas faire de comics indonésiens, c’est sur ma liste, mais pas à l’heure actuelle, tant que j’ai la possibilité de faire ça et d’apprendre dans l’une des plus grandes industries de comics du monde, alors je continue.
MiB : Et en parlant de projets, je sais que vous travaillez actuellement sur la Phase II de la Haute République…
Ario : Non, je travaille sur Obi-Wan.
MiB : Oui, c’est un autre projet, mais êtes-vous déjà planifié pour la prochaine étape de la Haute République ?
Ario : Je n’ai rien entendu à ce sujet pour l’instant, donc je ne peux rien dire. Mais ce que je peux vous dire, c’est que pour l’instant, j’ai en face de moi Obi-Wan Kenobi. C’est donc sur ça que je me concentre actuellement.
MiB : En parlant de ça, avez-vous vu le trailer ?
Ario : Oh oui ! (rires) J’étais très excité lorsque j’ai vu le trailer, et j’ai aussi hâte que les gens lisent le comics. Mais malheureusement je ne peux pas vous raconter beaucoup de choses (rires) que je connais…
MiB : Oh s’il vous plaît, s’il vous plaît, s’il vous plaît !
Ario : (rires) Mais j’ai adoré le trailer, et il y a tellement de choses qui arrivent, c’est vraiment un moment parfait pour être fan de Star Wars, on a eu le Mandalorien, le Livre de Boba Fett, on va avoir beaucoup de choses liées à Star Wars, on aura droit aussi à la série Ahsoka. Oh Seigneur, c’est vraiment un moment merveilleux pour être fan de Star Wars, oui !
MiB : Pouvez-vous nous dire si vos comics sont liés à la série ou si c’est secret ?
Ario : Oui… Je ne peux rien vous dire à ce sujet (rires) mais je peux cependant vous dire une chose : il y aura Obi-Wan dans mon comic…
MiB : Oh Seigneur ! Je suis vraiment heureux de l’apprendre, je pense que nous avons une exclusivité là !
Ario : (rires)
MiB : Et peut-être sur Tatooine ?
Ario : Je ne peux pas non plus vous dire ça (rires).
MiB : En parlant d’Obi-Wan, vous savez qu’il y avait des comics Marvel avec Obi-Wan avant… Hum… Le nom était Le Journal d’Obi-Wan… Luke trouve le journal d’Obi-Wan Kenobi, et il y a des dessins montrant la vie sur Tatooine. On dirait des scènes liées à ce que l’on a vue dans le trailer. C’est super de voir que tout est connecté.
Ario : Oui, l’avantage avec Disney, c’est que dans l’univers Star Wars tout est maintenant connecté. C’est comme le Marvel Cinematic Universe, tout est connecté, tout est planifié, il y a un grand dessein pour que rien ne soit laissé au hasard. Dans si vous regardez Spider-Man : No Way Home, et après vous voyez Doctor Strange, vous vous direz : « Okay, tout est connecté, il y a ci, il y a ça, et ça, » c’est fascinant de voir comment ils ont tout conçu et relié. Oui, c’est vraiment le bon moment pour être un geek.
MiB : Effectivement !
Ario : (rires)
MiB : On va sortir un peu de l’univers de Star Wars. Vous avez dit que vous travailliez sur six grands projets, cinq si l’on enlève Obi-Wan…
Ario : Ils ne sont pas tous grands, certains sont plus petits que d’autres, mais oui, il y a six projets en simultané.
MiB : J’ai vu il y a quelques jours sur Instagram que vous avez mis votre couverture pour Buffy.
Ario : Oui, j’ai fait des couvertures pour Buffy, mais c’est terminé car c’était une mini-série de quatre livres. Il y a donc ces couvertures et ce que je fais pour cette société de livraison, et je conçois aussi des statues pour XM Studios, et des illustrations pour un studio de jeux vidéo, et une couverture pour un roman, et aussi Obi-Wan, oui. Ah et aussi de la conception de choses pour Lucasfilms/Disney.
MiB : Et je suppose que c’est secret.
Ario : Oh oui, c’est même super-secret. Je ne peux rien dire à ce sujet. Et tout le monde me demande « Hé que fais-tu pour Lucas ? » et, tout le temps, je suis obligé de répondre « Désolé je ne peux rien dire… Même pas un seul mot. » Mais j’apprécie vraiment Lucasfilm car je peux dire que ça me donne la chance de pouvoir utiliser ce que j’ai dans mon monde imaginaire dans l’univers de Star Wars, et ça, c’est fantastique.
MiB : Avant l’interview, quand nous avons commencé à parler, vous avez mentionné que vous vouliez être Indiana Jones une fois « grand, » mais que vous avez peur de la hauteur. Est-ce que vous souhaitez dessiner Indiana Jones ?
Ario : Hum… Non… En fait non car Harrison Ford est très difficile à dessiner ! (rires)
MiB : Je dois admettre que cela doit être vrai : j’ai vu la couverture du dernier comic Han Solo & Chewbacca, et j’ai un problème avec le visage et les cheveux de Han Solo…
Ario : Oui, Han Solo est tout autant difficile à dessiner qu’Indiana Jones, donc si je veux dessiner des comics d’aventures avec de l’action, ça sera Fruit-Man, un fruit avec un visage et des mains…
MiB : Pour dessiner la Haute République, avez-vous lu les romans ou certains d’entre eux ?
Ario : Comme nous étions vraiment pris par le temps, pour la Haute République, je n’ai pas eu la chance de pouvoir tout lire des romans, mais j’ai lu les parties importantes liées à l’histoire des comics. Cependant, dès que j’ai l’opportunité, j’essaye de lire car ce sont de super livres. Les romans sont super, et j’apprécie vraiment de les lire. Quand je suis pressé par le temps, la seule chose que je fasse, c’est de regarder les papiers en face de moi et… Vous savez… je dessine !
MiB : Oui, et de plus, avec les discussions que vous avez avec Cavan Scott, vous pouvez avoir des idées précises.
Ario : Oui, oui, c’est ça. Et je peux toujours lui demander : Hé Cavan, dis-moi ce qui se passe. » Comme lorsque nous avons eu notre premier meeting Zoom avec Cavan, il m’avait dit qu’il y aurait des Jedi en train de chevaucher des Rancors. « Ok, je suis partant ! » (rires) « C’est bon tu m’as eu, faisons ça ! » Tout est planifié dès le début. Je ne sais pas ce qu’ils ont prévu pour la phase II, mais je suis certain que ça sera génial. Et qui que ce soit comme artiste pour la phase II, je suis certain que je lirai les comics, et ça sera fantastique, surtout pour la phase III, quand on retrouvera Keeve. Je suis sûr que ça sera merveilleux et fantastique.
MiB : Keeve est comme votre bébé ?
Ario : Oui, c’est mon bébé.
MiB : Autrement, si nous aimerions que vous signiez des comics, est-il possible de vous les envoyer et nous paierons la livraison ?
Ario : J’aimerais beaucoup, mais actuellement, j’ai beaucoup de problèmes avec les livraisons internationales en Indonésie. Je n’arrive pas à trouver une société fiable au départ d’Indonésie. J’essaye d’en trouver une bonne, mais je ne trouve pas. Si j’en trouve une, je vous laisserai savoir. Mais pour l’instant, la meilleure chose est que je vienne et que je signe !
MiB : Ah, oui… Effectivement, ça semble être le plus simple. Mais ne sait-on jamais, on a bien des événements en France. Cela dit, l’Indonésie n’est pas à côté.
Ario : Je n’ai pas encore visité Paris, mais j’ai hâte de visiter la France, bien sûr. Je suis déjà allé au Royaume-Uni et c’était magnifique. J’ai aussi visité Belfast (Irlande) et l’un des comic shops locaux, Forbidden Planet. C’était très bien. Les gens là-bas sont si gentils. On communique toujours d’ailleurs. On dirait que quel que soit le pays que je visite, s’il y a un comic-shop, j’ai l’impression d’avoir un chez-soi dans ce pays. Les gens des magasins de comics me traitent vraiment comme si j’étais chez moi. Un peu comme « hé, tu fais partie de la famille, reviens quand tu veux, et on se reverra n’importe quand, on sera content. » Donc j’ai un chez-moi dans n’importe quel pays, et c’est un comic-shop ! (rires).
MiB : Oui, s’est toujours pratique et si je me souviens bien, les gens du Forbidden Planet sont très sympas. Mais c’est possible qu’être fan aide aussi beaucoup : être fan rassemble et ça nous fait partager.
MiB : Comme MintInBox.net est un site web de collectionneurs de proders Star Wars, je voulais vous demander si vous collectionnez de votre côté et si oui, quelle est votre pièce favorite.
Ario : Oui, je collectionne les figurines, les masques, quelques casques, et des statues… et une petite collection de comics. En ce qui concerne les figurines, cela m’a pris il y a très longtemps, c’est une addiction. Mon principale problème actuellement, c’est la place. De plus ma femme aiguise son couteau.
Quant à ma pièce favorite… Je dirai qu’il s’agit de la statue de Lobo de XM Studios, car je l’ai dessinée, ah ah ah ! Ce n’est pas par narcissisme, mais on a l’impression de voir resentir de la magie lorsque votre dessin est transformé en objet réel. De plus, XM Studios a réalisé un magnifique travail !!
Ah oui, sinon je collectionne aussi des objets Star Wars, et dans cette catégorie, ma pièce favorite reste Darth Talon Premium Format de Sideshow Collectibles.
MiB : Je ne pense pas avoir quelque chose à rajouter actuellement.
Ario : Ah vraiment ? C’est vraiment tout ? (rires)
MiB : En fait, je pense avoir oublié quelque chose, certainement quelque chose que j’ai oublié d’écrire…
Ario : Si vous vous en souvenez, vous pouvez toujours m’envoyer un mail.
MiB : Et j’étais très content de pouvoir vous interviewer. Bon pour la suite, je vais tout taper, en faire une transcription… ça va me prendre un peu de temps, et je vous dirai quand cela sera prêt, si cela vous va.
Ario : Oui, informez-moi avant publication, et merci de m’avoir reçu, ça a été avec plaisir. Et bonjour à votre femme…
Cette interview, après plusieurs versions, et modifications a été publiée en Octobre 2022. Hier Monsieur Anindito est revenu de la New York ComicCon, où il a présenté ses travaux, et aussi et surtout ceux de la nouvelle phase de la Haute République.
Certaines des photos de l’article ont été fournies par Monsieur Anindito, principalement celles concernant sa collection. D’autres photos ont été trouvées en ligne et représentent une petite partie de ses oeuvres.
MintInBox et moi-même tenons à remercier Ario Anindito pour son temps et sa patience.