Nous vous avions parlé à travers cette actualité de la série de concerts L’univers symphonique du cinéma – Hommage à John Williams.
À l’occasion de ce concert, je me suis entretenu avec Guillaume Villeneuve, premier violon de l’orchestre.
En plus d’être violoniste, Guillaume, qui est d’origine française installé à Montréal, est chambriste, soliste et photographe ! Concertiste prolifique, Guillaume joue pour différents orchestres, dont l’Orchestre FILMharmonique qui sera sur la scène de La Maison symphonique de Montréal pour ce concert hommage à John Williams.
Voici nos questions/réponses avec Guillaume.
Mintinbox : Bonjour M. Villeneuve, merci beaucoup de prendre du temps pour nous, c’est très apprécié et bienvenue sur Mintinbox !
Dans le cadre du concert L’univers symphonique du cinéma – Hommage à John Williams, un spectacle très attendu, vous êtes premier violon, un rôle essentiel dans l’orchestre.
Pour nos lecteurs, qu’est-ce que ça signifie être premier violon et quelles sont vos responsabilités dans l’orchestre ?
Guillaume Villeneuve : C’est une bonne question, en fait il faut savoir qu’un orchestre c’est beaucoup de musiciens et on sera près de 80 musiciens sur scène et cent choristes. Alors vous pensez bien que pour que ça fonctionne, il faut qu’il y ait une organisation assez précise et donc il faut imaginer que les violons on est plusieurs à jouer la même partie. On est une vingtaine de violons à jouer les parties et donc, le violon solo, le premier violon va être un peu le responsable de sa section de violon, mais aussi des cordes en général et sert un peu d’interfaces pour communiquer directement avec le chef d’orchestre. C’est pas rare que ce soit moi qui pose les questions et donc avoir cette interaction direct avec maestro Francis Choinière, c’est un rôle qui est très important parce que j’ai une responsabilité, notamment dans les coups d’archet, le choix de la technique que l’on va utiliser quand on joue, là où le chef donne ses idées musicales, je dois un peu retranscrire ça et faire en sorte que ça fonctionne.
MIB : Ce sont les principales différences entre jouer comme premier violon et comme simple musicien de pupitre ?
GV : Disons que c’est un rôle de responsabilités. Ensuite, on joue tous ensemble, une fois qu’on est sur scène, tout le monde est très important, tout le monde a la même importance, mais lors de la préparation lors des répétitions, je vais avoir ce rôle de communication, de leadership à apporter. Puis le premier violon aussi est celui qui va jouer les solos. Donc, par exemple dans le programme de John Williams, il y a le célèbre solo de La Liste de Schindler. Il y a aussi un magnifique solo à la fin d’une des pièces de Star Wars, autour de Leia, où il y a une magnifique envolée de violon et puis j’ai la chance de pouvoir jouer ces mélodies, donc supporté par l’orchestre avec ma propre voix.
MIB : La musique de John Williams est puissante émotionnellement, qu’est-ce qui vous touche le plus dans son écriture pour les cordes, particulièrement le violon ?
GV : Ce qui est incroyable avec la musique de John Williams, c’est qu’il est capable de souligner l’émotion de films très très différents. Alors, quand on pense à l’univers de Star Wars, c’est un univers où il y a beaucoup d’émotions, on va du côté flamboyant guerrier parfois, à des moments de tendresse. Je pense justement à tous ces moments plus calmes aussi et la musique sert à sublimer tout ça, à lui donner vraiment, comment dire, un côté magique à ces moments. Je sais pas si vous avez déjà vu ces vidéos où on change la musique derrière un film ou derrière un extrait qu’on connaît bien, c’est toujours rigolo de voir à quoi ça change la perception. Et donc, John Williams, c’est un magicien dans la mesure où il est capable de créer des univers inoubliables, puisque quand on pense à Star Wars, on pense au générique, on pense tout de suite à la musique, ça vient rapidement dans la tête et je suis pas mal certain que vos lecteurs et lectrices sont capables de s’imaginer la musique du début. Eh bien, c’est un peu ça. Puis, John Williams personnifie en musique chacun des personnages qui l’accompagne, il y a un thème un peu pour chacun, chacune. Donc, on suit, on voit réapparaître des mélodies qu’on a déjà entendues en fonction des personnages que l’on croise, donc c’est peut-être là aussi le génie, c’est qu’il y a un travail d’orfèvrerie derrière pour pouvoir rendre le côté magique de ces films et les rendre encore plus puissants.
MIB : Vous avez mentionné plus tôt qu’il y avait une centaine de choristes sur scène, c’est impressionnant. Est-ce que ça change votre expérience musicale ?
GV : Le fait d’être aussi nombreux et nombreuses sur scène en fait, disons que ça donne un effet de puissance qui est incroyable. Je pense que pour les gens qui nous écoutent, il faut imaginer ça, c’est près de 200 personnes sur une scène qui vont jouer avec beaucoup d’intensité, donc l’impact sonore que vous allez recevoir est incroyable, il y a un sentiment d’être enveloppé dans le son, puis d’être porté par la musique. Et donc, je pense que sur scène, l’effet est incroyable, parce qu’on a cette même sensation je dirais. Et puis, c’est aussi une musique qui est pleine de défis, une musique très difficile à jouer la musique de John Williams pour l’ensemble des musiciens et musiciennes sur scène. Vraiment, c’est comme un marathon pour nous de jouer ce concert, parce qu’il n’y a pas une une pièce qui est réellement facile. Il y a même des pièces qui sont extrêmement exigeantes, je pense par exemple surtout à la musique d’Harry Potter étonnamment, il y a beaucoup de choses extrêmement techniques au violon. Mais pour les vents, les brasses, les trompettes, tous ces instruments, c’est notamment dans les Star Wars qu’il y a des lignes extrêmement intenses. Donc, c’est un défi pour chacun, on est tous sur le devant de notre chaise pour assurer de jouer toutes les notes et ça donne un effet incroyable. On a déjà fait cette tournée l’année dernière et c’est vrai que c’était des concerts inoubliables, vraiment beaucoup d’émotions sur scène et évidemment dans la salle.
MIB : Vous nous dites que la musique d’Harry Potter est extrêmement exigeante, est-ce qu’elle représente le plus grand défi parmi les pièces du programme pour vous, ou il y en a une autre ?
GV : Je dirais oui, il y a une des pièces d’Harry Potter où vraiment la partie rapide de violon est extrêmement difficile. Mais, il y a aussi La Liste de Schindler qui demande pour moi un défi différent puisque c’est un défi expressif et c’est une pièce que tout le monde connaît très bien, alors je vais essayer de la rendre la plus belle possible, considérant que la plupart des plus grands violonistes et artistes de ce monde ont eu l’occasion de jouer cette partition. Donc, c’est un immense honneur pour moi de pouvoir me lever à ce moment-là, puis de pouvoir jouer cette incroyable pièce de violon.
MIB : Et parmi les œuvres que vous allez jouer, y a-t-il une pièce qui vous touche particulièrement ?
GV : Je dois dire que La Liste de Schindler, c’est effectivement un de mes coups de cœur. Dans la musique de Star Wars, comme j’ai mentionné, il y a le Princess Leia’s Theme, c’est une pièce qui est très douce, mais avec un grand crescendo d’intensité, absolument sublime, c’est un moment où même en jouant, j’ai des frissons.
MIB : Et notre ultime question… êtes-vous un fan de Star Wars ?
GV : Absolument, oui. Surtout les anciens films, je n’ai pas encore regardé tous les dérivés, mais vraiment les six premiers (films) de la saga ont bercé mon enfance, je les ai vus et revus, alors, je suis définitivement un fan de Star Wars.
MIB : Vous aimez la musique d’un film de la saga en particulier ?
GV : C’est ça qui est intéressant avec Williams, c’est que les thèmes reviennent. Je n’ai pas un film en particulier, mais comme je disais, le fait de pouvoir suivre les personnages et de réentendre les thèmes modifiés, etc. qui créent cet univers incroyable tout le long de la saga.
MIB : Merci beaucoup M. Villeneuve. Nous vous souhaitons une belle série de concerts et beaucoup de plaisir à partager cette musique avec le public.
GV : Merci Sébastien, et au plaisir de vous croiser à l’un d’eux !
La tournée de concerts L’univers symphonique du cinéma – Hommage à John Williams débute ce jeudi 11 septembre 2025 à Montréal à la Maison symphonique. Pour tous les détails, les dates de tournée et la billetterie, rendez-vous sur le site officiel de FILMharmonique.