Samedi 13 août, le grand John Williams himself dirigeait le Boston Pops Orchestra lors d’une soirée concert à Tanglewood, Massachusetts : la John Williams’ Film Night.
Pour moi, comme pour nous tous, voir en personne le compositeur de la musique de Star Wars, mais aussi de la saga Indiana Jones, Harry Potter, E.T., Jurassic Park, les Dents de la Mer et tant d’autres, était un rêve… Un rêve devenu réalité ce soir-là !
Le festival de Tanglewood existe depuis 1934 et accueille les artistes les plus prestigieux en musique classique, entre juin et septembre chaque année. Il est aussi la résidence d’été du Boston Symphony Orchestra et accueille très régulièrement le Boston Pops, connu notamment pour ses concerts et ses disques de musique de film. Cet orchestre a longtemps été dirigé par Arthur Fiedler, puis par John Williams dans les années 1980 et 1990, années pendant lesquelles il a acquis une grande notoriété aux Etats-Unis.
Malgré ses 84 ans, Williams reprend régulièrement la baguette pour diriger des soirées concert qui reprennent ses grands thèmes pour le cinéma, mais aussi ses propres compositions. Malheureusement, il est de moins en moins probable que cela se passe en Europe désormais. C’était donc l’occasion pour moi de me déplacer jusqu’à Tanglewood, un coin de campagne superbe, vallonné et verdoyant situé à l’ouest du Massachusetts. Les tickets avaient été mis en vente au mois de janvier de cette année, bien sûr, sold out en quelques heures. Mais la configuration des lieux fait que l’on peut quand même assister au concert en s’asseyant sur l’herbe tout autour du concert hall ouvert du parc !
Pour commencer, en tout début d’après-midi, repérage des lieux. J’ai pu entendre de loin une répétition pour le concert du lendemain par le Boston Symphony. Première émotion : le son se diffuse incroyablement bien dans le parc ! Dans le concert hall, les derniers préparatifs et réglages pour le soir sont en cours, les pupitres aussi !
Le reste de l’après-midi, je prépare l’appareil photo, les photos à autographier et les sharpies, qui sait, on pourra peut-être rencontrer John Williams avant ou après le concert.
17h30 : ouverture des portes. Une foule nombreuse investit le parc, dans une ambiance très familiale et bon enfant. Certains sont visiblement des habitués et se préparent des tables de pique-nique très élaborées, avec fauteuils, tables et tout ce qu’il faut pour grignoter et passer une bonne soirée entre amis ou en famille. Vers 19h30, il est temps de gagner mon siège dans le Koussevitzky Shed. Il fait très chaud, la tension monte…
20h00 : une cloche retentit deux fois de suite pour indiquer le début imminent du concert. La soirée sera composée de deux parties : la première n’est pas dirigée par Williams mais par Richard Kaufman, un autre chef et violoniste qui a enregistré quelques scores du maître et connu aux Etats-Unis pour son travail dans la musique de film. Cette première partie avant l’entracte s’appelle « Up, up and Away: The Movies take Flight », et est donc consacrée à des thèmes musicaux, des films ou des séquences de film se passant dans le ciel ou dans l’espace. Se succèdent des pièces de John Williams, comme le magnifique « Flight to Neverland » tiré de Hook de Steven Spielberg (1991), le Flying Theme de E.T. (1982) ou la marche de Superman (1979), mais aussi des pièces moins connues de Franz Waxman (pour « The Spirit of St. Louis ») ou de Henry Mancini. Le « Flying over Africa » de John Barry tiré de Out of Africa est majestueux ! L’orchestre est vraiment impressionnant, le son est ample, les cuivres de très bonne qualité, et l’on retrouve instantanément la beauté de ces scores qui nous ont fait rêver. Sur certains morceaux, des extraits de films sont projetés sur écran.
Vers 21h00, c’est l’entracte. Au même moment, un orage très violent s’abat sur le parc, avec éclairs et pluie battante qui forcent ceux qui s’étaient installés dans le parc à se réfugier en catastrophe dans la salle couverte. Grosse frayeur : on a bien cru que le concert allait s’arrêter là ! L’épisode dure environ 45 minutes, mais on nous annonce finalement que John Williams attend tranquillement que ça passe en coulisses pour commencer…
La deuxième partie de la soirée, celle que l’on attend tous, commence enfin. Williams arrive sur scène… C’est avec une certaine émotion que je tente de prendre quelques photos depuis mon siège avant d’être fusillé du regard par un membre du staff : les photos sont interdites, mais je compte bien me rapprocher de la scène ! Williams commence par un enchaînement de ses thèmes composés pour les Jeux Olympiques et une autre de ses compositions. La musique de Star Wars arrive enfin et occupera toute la dernière partie du concert : un medley des thèmes du Réveil de la Force (autorisé par Lucasfilm), « The Asteroid Field » de L’Empire Contre-Attaque, le thème de Leia, la marche impériale, le très beau thème de Rey et la « Throne Room & Finale » d’Un Nouvel Espoir. Tonnerre d’applaudissements à chaque fois. Entre chaque extrait (ou presque), John Williams prend le micro. C’est très émouvant de l’entendre, avec sa voix posée. Il n’a plus rien à prouver, reste juste la musique et le plaisir de la partager avec le public. Il nous raconte quelques petites anecdotes comme celle de sa flamme pour Rey, ou le fait que le thème de Leia était prévu, à la base, pour une romance entre Luke et Leia, ce qui, comme chacun sait, ne s’est pas passé tout à fait comme ça…
Après un court passage dans les coulisses, John Williams revient sur scène sous des applaudissements nourris, encore une fois ! Nous aurons droit à deux bis : le thème de Luke et Leia tiré du Retour du Jedi, et enfin, le « Main Theme & End Credits » du premier Harry Potter (1999). Beaucoup de gens se lèvent déjà pour partir : une hérésie qui me permet de me glisser peu à peu vers le devant de la scène. Au moment où Harry Potter commence, je suis à quelques mètres du plus grand compositeur de musique de film de tous les temps ! Une émotion que je ne suis pas prêt d’oublier, en particulier au moment où je lui ai adressé un signe en guise de remerciement et de reconnaissance, auquel il m’a gentiment répondu par un petit geste et un regard. Quel souvenir incroyable !
Très vite, un petit groupe se constitue à l’endroit où il est sorti de scène mais Williams fait signe qu’il ne signera pas ce soir. Je m’en doutais un peu vu son âge, et les longues minutes d’attente pour que l’orage passe n’ont rien arrangé. Ce sera pour une prochaine fois…
En attendant, place aux photos de cette magnifique soirée. Merci John !
Je remercie chaleureusement mes amis François de Ronzier et Theo Stuart qui m’ont accompagné ce soir là (et qui ont, comme moi, bien envie de revenir…)
Mathieu.